Approchez une nouvelle fois de la cathédrale de Chartres. Avant même d'y pénétrer, vous apprendrez un détail que seul un amoureux de son histoire peut vous dévoiler : en entrant par la porte de droite, vous passez sous un diablotin si ricanant qu'il vous dissuaderait presque de poursuivre. Une heure plus tard, quand, apaisé, vous sortirez par l'autre côté, c'est un jumeau endormi qui vous accompagnera. L'un des mystères de Chartres qui en recèle bien d'autres.
Entrez donc dans la cathédrale, en pleine rénovation intérieure. Miracle des miracles, les pierres retrouvent leurs couleurs d'origine que la souillure des temps avait assombries. Comme l'écrivait Georges Duby dans son "Temps des cathédrales", celles-ci étaient bien des édifices colorés, des temples de Lumière... Mais l'essentiel est ailleurs. Nous sommes trois, deux "novices" et un "guide" venu de ces terres bretonnes où spiritualité, mégalithes, légendes, korrigans et fées, cohabitent en harmonie.
Avancez dans la nef, choisissez un siège, dénudez vos pieds, puis allez vous placer debout, à un endroit très précis (...), le dos tourné au choeur - tout un symbole. Quelques secondes de silence. Levez alors la tête et portez votre regard vers l'immense rosace. En quelques secondes, celle-ci s'anime, se déforme, éclate en tous sens. Une sensation étrange pénètre votre corps. L'oreille qui abrite votre prothèse devient presque douloureuse. Soudain, vous avez le sentiment d'une prochaine chute en arrière. Une voix vous chuchotte "retire-toi". La séquence aura duré à peine une minute. Mon guide, à part ces deux mots, ne m'a rien révélé de ce qui m'attendait. L'autre "novice" connaîtra les mêmes sensations. Mais ce n'est pas fini. Aussitôt sortis, nous constatons que nos portables, chargés le matin même, sont devenus inutilisables, batteries à plat.
Comment expliquer un tel phénomène ? Il faut savoir que les édifices successifs de Chartres ont été érigés sur un site mégalithique considéré par les experts comme le plus puissant de France. Cela, les bâtisseurs ne pouvaient l'ignorer. Plus surprenant, les visiteurs de la crypte, chemin de ronde sous la cathédrale, n'ont pas accès au mégalithe placé en son centre. Son accès, fermé au public, l'a toujours été. Qu'ont donc à cacher les représentants éminents de l'Eglise ? Que Chartres a été un lieu sacré des milliers d'années avant le catholicisme ? Dérangeant pour ceux qui manipulent leurs ouailles en leur faisant croire qu'avant le christ, c'était le chaos. Alors quel est donc ce mystère ? Hélas, Chartres ne se livre pas au premier venu.
Anatole de Mururoa, le 19 novembre 2012