Lettre de Paris à un ami défunt

Cher...,

Le crépuscule étend son ombre sur notre capitale, Hélas, toi qui l'as quittée depuis tant de temps, tu ne la reconnaîtrais pas. Des millions de rats sillonnent les rues en toute impunité. Les rares passants encore présents se hâtent de regagner leur domicile avant que les forces du mal ne prennent possession des lieux. De çi de là, de petits groupes, venus de contrées où l'on égorge plus que l'on embrasse, rançonnent les imprudents qui ont oublié que la solitude peut s'avérer mortelle dans les circonstances actuelles.

Ce soir, cher..., le pays tremble. Le pays est en deuil. Hier, le centre commercial de Bab el Kassab a été victime d'une attaque terroriste. Vingt-quatre heures après, il est encore impossible d'établir un bilan précis sous l'amas de ferrailles. Les médias parlent de plusieurs centaines de morts. Les autorités ont décrété l'état d'urgence absolu.

Que peuvent-elles faire d'autre ? Plus question d'organiser ces marches auxquelles l'opinion s'était habituée : la sécurité n'est plus assurée. Impossible même d'allumer aux fenêtres les chandelles de la solidarité. Les snipers pourraient les prendre pour cibles. En ces moments douloureux, je pense à toi l'ami défunt qui adorait Paris, capitale des lumières.

Tout n'est peut-être pas perdu. Notre mairesse Anne accompagnée de notre Garde des Sceaux Nicole va, de son PC souterrain, éteindre les éclairages de la tour Eiffel. Par ce geste fort, d'un courage inouï, les bons électeurs macroniens sauront que la France éternelle n'a pas abandonné tout esprit de résistance. Pourtant il en est quelques uns qui, au souvenir de ses heures glorieuses, pleureront sur le destin tragique d'une nation livrée aux traîtres.

ADM, le 30 janvier 2018

PS Ce n'est qu'une fiction. Quoique...