Il n'y a pas d'amour heureux

Daniel, un marin, et Geneviève, une jeune parisienne en vacances à Brest. Le coup de foudre. Hélas trop bref. Elle doit regagner la capitale. S'en suivent des courriers brûlants, du moins de sa part à elle. l'été s'achève. Automne, hiver, printemps... Allers-retours visuels. Brest qui se reconstruit. Le port, Recouvrance, la rue de Siam... La pluie, le vent, les sorties entre potes, les étreintes furtives, la mer, toujours la mer... La pluie, le vent... La caméra alterne avec bonheur noir et blanc et couleurs.

Et Paris ? Cette capitale que je n'ai pas encore rejointe. Sacré Cœur, Montmartre, Pigalle, Grands Boulevards, Seine... Ruelles étroites, linges aux fenêtres, vieilles échoppes, hôtels pourris, 4cv, vieux bus, vieux métro. La caméra se promène pour notre plus grand bonheur. Tout juste si nous ne sentons pas ces odeurs aujourd'hui disparues. Chronique nostalgique qui évoque certains films d'Eric Rohmer.

Geneviève attend. L'espoir, puis la crainte : les lettres se font rares. Arrive la quille. Daniel - le beau ténébreux Daniel Moosman, ancien et discret compagnon de ballon rond - rentre à Paris. Cinq ans après, il croit retrouver la même capitale, alors que lui a changé. Ses conversations brestoises ne laissent planer aucun doute.

Par hasard il rencontre Geneviève. Les retrouvailles seront brèves ; la rupture, rapide. Le constat implacable d'une vie impossible à deux. Daniel fuit Paris, gagne le sud et Ramatuelle. On le retrouve dans un champ, écrivant à celui connu à Brest et qui semblait si loin de lui. Il poursuivra son errance d'homme libre, mais il a découvert l'amitié, celle qui domine tout. Il n'y a pas d'amour heureux, vous dis-je?

L'amour à la mer de Guy Gilles (1964)

ADM, le 12 avril 2020