Un déjeuner bien au-dessus de l'école du rire

Le Jing Dû, sympathique restaurant chinois au cœur de la cité. À la table voisine, quatre dames d’un âge certain et un homme, dont j’apprendrai plus tard qu’il vient de fêter ses quatre-vingt-dix-huit ans, déjeunent. Le repas se déroule dans une atmosphère cordiale et sereine.

La conversation vient à porter sur le portable que chacune de ces commensales possède. Commence alors le spectacle, ou plutôt la table ronde, entre techniciennes. Les manipulations en cours feraient rire un enfant de six ans. Qu’importe. À gauche, à droite, en haut, en bas, bouton de ceci, bouton de cela, chacune des quatre professionnelles en herbe commente ses manœuvres. Toujours dans une atmosphère feutrée, appréciée à sa juste valeur.

Quelques minutes plus tard, après divers échecs et réussites, ma voisine lance une conclusion d’un redoutable bon sens : « Nous sommes trop vieilles pour cela. » Pas du tout, Madame ! Vous avez encore l’âge de distraire l’un de vos contemporains. Et cela, loin des chamailleries des joutes télévisuelles, ce qui n’a pas de prix. Longue vie à vous qui avez su me distraire d’un déjeuner solitaire et ennuyeux.

ADM, le 11 octobre 2022