Amis Français,
Qui mieux que moi pourrait chanter les louanges de vos institutions ? Mon histoire n'est pas banale. En 2007, je suis condamné pour plusieurs tentatives d'attentats chez vous. Libéré en 2011, je dois être expulsé vers l'Algérie, mais mon gentil avocat saisit la Cour européenne des droits de l'Homme. Elle rejette la procédure, craignant que je ne sois torturé dans les geôles algériennes.
Vos aimables dirigeants m'offrent alors, à vos frais, une "résidence surveillée" dans un hôtel de Millau (Aveyron). Je m'en échappe, mais suis repris. On me trouve alors une auberge à Brioude (Haute-Loire). Nous sommes en octobre dernier.
Mes obligations : pointer quatre fois par jour à la gendarmerie locale. Cette contrainte ne m'empêche pas de recevoir trois amis de Lyon, connus de vos services. Dans une voiture, à l'abri des micros indiscrets, nous discutons de choses et d'autres. Prudent, je n'utilise plus mon téléphone portable, lui préférant ces bonnes vieilles cabines publiques qui font le charme de vos campagnes... Jusqu'à ce week-end, où je décide d'emprunter un véhicule de l'auberge pour m'enfuir.
Après cela, braves gens, certains de vos gouvernants viendront vous dire que les responsables de votre sécurité ont retenu les leçons de l'affaire Merah... Bah ! Ce n'est pas moi qui me plaindrai si les méthodes en usage du temps des gendarmes de Saint-Trop existent encore. Avant de conclure, j'allais oublier un détail : la semaine dernière, l'agence locale de Pôle Emploi venait de m'offrir 5.000 euros. De quoi faire quelques pleins...
Résumons. Logé, nourri, blanchi à vie - du moins si je l'avais désiré. Tout cela grâce à vos impôts. Elle n'était pas belle la vie ? Pourtant j'ai décidé de vous quitter, car le "devoir" m'appelle. Merci à vous !
Po AS, ADM, le 21 mai 2013