Le blog de anatole de mururoa

En janvier, remplis-toi le gésier. Ah, les amis ! qu'il est doux à mon palais ce mois des voeux. A peine a-t-il commencé que je me précipite sur les agendas des élus : du conseiller général au député, en passant par le maire, sans oublier le président de la République, l'ensemble des ministres et même mon sénateur que je n'ai jamais vu. Pendant un mois, aux frais de la République - c'est-à-dire de ces citoyens qui paient des impôts - je vais m'en mettre des lampées à m'en "péter la sous-ventrière", comme ils disent au pays.

Inutile ici de vous présenter les mérites respectifs des buffets. L'essentiel est d'être nourri aux meilleurs toasts et abreuvé aux meilleurs crûs. J'avoue cependant une petite préférence pour les cérémonies parisiennes, même si, dans certaines provinces, les ripailles offertes par les élus locaux ne manquent pas d'intérêt.

A la fin du mois, ma silhouette aura pris quelques centimètres. Pas grave. J'ai la combine pour me faire prescrire une cure thermale d'amaigrissement aux frais bien sûr de la collectivité. Boire, manger, digérer, dormir... Boire, manger, digérer, dormir... Pas étonnant que mes amis me surnomment "Pisse-champagne et chie-caviar".

Anatole de Mururoa, le 3 janvier 2013

Curieuse époque où, chaque jour, certains faits vous donnent le sentiment de perdre la raison. Prenons deux exemples datant d'aujourd'hui.

- Noël est dans 358 jours. Or que vois-je partout dans les rues ? Des illuminations de Noël, des guirlandes de Noël, des pubs de Noël ! Quel est donc ce pays où l'on fête Noël aussi longtemps à l'avance ? Nous n'avons pas de tâches plus urgentes ?

- Plus grave encore, car le constat touche à ma personnalité. Toute l'année, gouvernement, opposition, hommes politiques, syndicalistes m'ont seriné la même antienne : "Il faut positiver." Connaissances, voisins, famille, petite amie en ont même rajouté une couche : "Anatole, ce qu'on te reproche ? D'être négatif en permanence." Ce matin en me levant, ma décision était prise. Pour finir l'année en beauté, je me devais d'être positif ce soir.

Malheureux que n'avais-je pensé ? A peine la radio était-elle ouverte, que la même recommandation encombrait les ondes : "Ce soir, attention ! Ne soyez pas positifs, sinon la police va vous tomber dessus." C'est à ne plus rien comprendre. Au secours ! ma raison s'égare. Promis, je ne fêterai pas Noël cette nuit. Promis, je resterai négatif toute l'année prochaine.

Anatole de Mururoa, le 31 décembre 2012

Le combat fut rude, tant les postulants étaient nombreux, de qualité et assidus. Après de douloureuses délibérations, voici le "Hit Guignols" 2012 de nos kaïras politiques.

- Médaille d'or ex aequo François Fillon et Jean-François Copelovici pour les paroles prononcées au cours de leur débat télévisé : "Je n'ai pas d'adversaire dans cette campagne. Vous n'avez jamais entendu dans ma bouche la moindre formule qui puisse être désagréable à l'encontre de Jean-François." (François Fillon) - "Cette campagne se passe remarquablement. Il y a entre François et moi un respect total." (Jean-François Copelovici). Et les deux compères de poursuivre en choeur : "Nous ne sommes pas dans une logique d'affrontement, nos militants ne supporteraient pas que l'on cherche à pulvériser l'autre." On connaît la suite... qui est loin d'être achevée.

- Médaille d'argent François Hollande pour sa réaction à la TVA "sociale" que désirait instaurer Nicolas Sarkozy : "L'augmentation de la TVA : je la considère inopportune, injuste, infondée et improvisée, ça fait beaucoup et c'est pourquoi, si les électeurs en décident et si demain je suis appelé aux responsabilités, je demanderai au Parlement de l'annuler." Voici donc pourquoi elle passera, au 1er janvier 2014, de 19,6 à 21,2%.

- Médaille de bronze Jean-Marc Ayrault pour sa déclaration sur France 2 : "A revenus constants, neuf contribuables français sur dix ne seront pas concernés par les augmentations de fiscalité." Depuis, le distingué germaniste qui, devant un parterre d'industriels allemands, confond "furchtbar" (terrible) avec "fruchtbar" (fructueux), a dû faire marche arrière à demi-mots sur ce grossier mensonge. En réalité, ce sont près de 95% des contribuables qui verront leurs impôts augmenter. 

Et pour parodier la conclusion d'une émission célèbre de Paris Première : "En 2012, c'était mauvais. On vous le promet, ce sera pire en 2013." Pour nos kaïras de droite comme de gauche, "le reniement, c'est maintenant".

Anatole de Mururoa, le 30 décembre 2012

Difficile de s'exprimer sur des sujets délicats où il convient de marcher sur des oeufs et de s'astreindre à toutes les nuances nécessaires, afin de ne pas apporter de l'eau au moulin des sectaires de nature ou de ceux qui, à un parti, une secte ou une religion, sont inféodés à la pensée unique. Le texte qui suit a été écrit par quelqu'un élevé dans une famille favorable à l'indépendance algérienne et qui a consacré un an de ses études à comparer ce qui s'écrivait, en 1956/1957, sur cette guerre dans deux quotidiens français aux idées opposées : un chrétien-démocrate et un communiste.

François Hollande vient donc de décider d'accueillir en France, en dépit de l'avis défavorable de certains de ses ministres, de 80 à 150 traducteurs afghans qui, après avoir aidé les troupes françaises dans leurs missions sur le terrain, voient leur vie désormais menacée. Ces Afghans pourront emmener en France leurs familles. Ils bénéficieront de plus d'un logement, d'une couverture médicale et d'un revenu minimal, en remerciement d'avoir "servi la France".

Ce geste, oh combien humanitaire, nous remet en mémoire le sort réservé aux harkis qui, insistons encore, n'appartenaient pas au camp défendu dans notre jeunesse. Mais tout de même. Ces gens avaient choisi la France. Ils avaient risqué eux aussi leur vie. Qu'en ont fait nos dirigeants ? Ils les ont trahis, reniés, abandonnés. Des dizaines de milliers d'entre eux ont été égorgés par les libérateurs sans aucune forme de procès. Ceux qui ont pu en réchapper et gagner la France ont été parqués en camps, dans des conditions indignes d'un pays qui se prétend "patrie des droits de l'Homme".

Sur le même sujet, on pourrait évoquer le sort des modestes rapatriés, ces petits blancs qui vivaient chichement sur le sol algérien et qui n'avaient eu qu'un tort : naître sur cette terre. Harkis et petits rapatriés "apprécieront" donc la décision prise par François Hollande.

Certes les cas concernés ici ne touchent que quelques centaines de personnes, et non des centaines de milliers. Il est donc plus aisé de mieux les considérer. Il nous semblait cependant opportun de rappeler une page de notre histoire dont nous n'avons pas à nous montrer fiers.

Anatole de Mururoa, le 27 décembre 2012

Pendant que vous dormiez vendredi soir, la France a connu des bouleversements historiques. Accaparés par Bugarach, les médias ne vous en ont bien sûr rien dit. Et pourtant... Depuis l'exo-planète Kepler-22b, voici en exclusivité les indiscrétions recueillies, grâce au réseau ADM à accélérateur de particules informatives.

- François Hollande a entamé des cours accélérés de français afin de mieux communiquer avec ses électeurs qui n'ont toujours pas compris le sens qu'il donnait au mot "changement".

- Jean-Marc Ayrault, pris en flagrant délit de triche, a passé la nuit à recopier, à la lueur d'une bougie, cinq cents fois la phrase "je ne copierai plus sur mon président".

- Arnaud Montebourg a envoyé une missive à Bernard Tapie afin que Nanard, dès qu'il sera devenu maire de Marseille, puisse le marier avec une des héritières du clan Peugeot.

- Ségolène Royal  et Valérie Trierweiler sont enfin tombées d'accord pour tirer au sort celle qui deviendra la légitime épouse de François Hollande après l'adoption du mariage pour tous.

- Cécile Duflot envisage de lancer un jumelage entre le 19ème arrondissement de Neuilly, dont elle est l'élue, et la petite cité australienne de Fukushima. 

- Jean-Vincent Placé a décidé de subir une intervention chirurgicale afin d'élimer sa denture et ainsi adoucir son sourire carnassier.

- François Bayrou, faute de crédits, n'a toujours pas pu louer la cabine téléphonique consacrée à la tenue du prochain congrès du Modem.

- Jean-Louis Borloo vient d'achever la rédaction d'une encyclopédie des meilleures eaux thermales françaises.

- Nadine Morano a lancé une souscription pour financer sa greffe du cerveau, une opération fort coûteuse, qui pourrait avoir lieu à l'automne 2016, sur le site de Disneyland.

- Rachida Dati va entamer une recherche en paternité auprès de tous les patrons du CAC 40.

- Roselyne Bachelot a pris contact avec une entreprise de location de ventres féminins, afin d'éviter toute rupture de stocks, quand le Parlement légalisera la procréation médicale assistée.

- François Fillon et Jean-François Copélovici ont décidé de vendre leur stock de poupées vaudous pour se lancer dans l'élevage commun de chèvres sur le site de Notre-Dame-des-Champs. 

- Nicolas Sarkozy partira bientôt en retraite dans une communauté protestante, près de Séoul. Thème de son séjour de cinq jours : "Comment redevenir un bon père." Un besoin pour celui qui, marié trois fois, ayant des enfants issus de trois lits, déserte souvent le domicile conjugal pour de juteuses conférences.

- Marine le Pen a entrepris des contacts secrets avec Harlem Désir pour limiter l'influence grandissante de Manuel Valls dans la chasse aux immigrés clandestins.

Enfin, ce serait à confirmer tant ces infos paraissent invraisemblables :

- Michel Sapin, pris de remords, donnerait un coup de pouce au Smic de 0,00001%, dès le 1er février.

- Laurence Parisot, dans une note interne, aurait demandé à ses adhérents du Médef de geler des licenciements durant la trève hivernale.

- Yannick Noah rembourserait les sommes dues au fisc et qu'il contestait depuis de nombreuses années.

- Députés et sénateurs auraient décidé de limiter la hausse annuelle de leurs revenus au taux du smic et ils renonceraient définitivement au cumul des mandats.

- Dès l'ouverture de la prochaine session parlementaire, l'Assemblée nationale alignerait les salariés de la fonction publique sur le régime du privé. Désormais, en cas de maladie, chaque Français aurait à subir quatre jours de carence.

Anatole de Mururoa, le 22 décembre 2012