Le blog de anatole de mururoa

Les Italiens ont un Buffon et ils jouent bien. Les Français ont onze bouffons et ils jouent mal. "De l'inégalité des bouffons", un traité à rédiger par le futur académicien Samir Nasri.

Anatole de Mururoa, le 25 juin 2012

Insoutenable, intolérable, indéfendable. Italiens et Anglais nous ont infligé ce soir un spectacle indécent. Transversales de cinquante mètres, contrôles techniques somptueux, débordements et centres à qui mieux mieux, rythme effréné, tirs par dizaines, occasions de but à foison, arrêts de gardiens exceptionnels... Et pour noircir le tout, aucune violence, un arbitrage excellent, le respect de l'adversaire, un suspense pimenté d'une superbe panenka lors des tirs au but... Comment pourrait-on encore aimer le football après avoir dû subir, pendant deux heures, les outrages de ce dernier quart de finale de l'Euro 2012 ?

Consolons-nous cependant. Samedi soir, nous avons eu le privilège d'assister à un autre sport. Le vrai. Celui pratiqué par les fils de p...., les n.... ta mère, ta mère la p..., les je t'enc..., les rac...... de banl....., les ca... de cités et autres pompeurs de m..... Et dans ce domaine l'équipe de France reste championne d'Europe. Alleluiah.

Anatole de Mururoa, le 24 juin 2012

"Ouf ! la corvée est terminée. Enfin en vacances. Quand filent-ils la prime pour le quart ? Tu signes où ? Que t'a promis ton agent ?" L'ambiance était festive ce soir en Ukraine avant que les Bleus n'embarquent pour Eldoradodo, la planète des aventuriers déchus.

Voilà quelque temps, nous les avions accueillis avec espoir, fiers de leur diversité, motivés pour le grand pardon, enthousiasmés par leur nouveau général qui, selon l'adage "il lave plus blanc que blanc", allait essuyer l'affront de Knysna en deux ou trois succès."Nous avons changé. Bla bla. Nous sommes tous unis vers la victoire. Blabla. L'ambiance cette fois est excellente. Blabla. Il existe une réelle complicité entre nous...".

Fadaises. Pourtant quelques signes eussent dû nous alerter. Pendant l'exécution des hymnes nationaux, une majorité de nos lascars, contrairement à leurs adversaires, semblaient absents. Naïvement, nous croyions qu'ils se concentraient sur les schémas tactiques mis au point par leur "président", sobriquet donné jadis au grand ordonnateur des "fêtes" au sein du groupe France.

Que nous a fait découvrir la réalité ? La même bande de mercenaires, dont nous eussions aimé que la diversité de leur QI fût plus affirmée. Des individus plus aptes à manipuler leur Iphone, twitter ou régler leurs écouteurs qu'à caresser le ballon, assurer une passe ou même courir sur la pelouse. Au fond, malgré ce que certains laquais en mal de scoops crédibles voulaient nous faire avaler, "le changement, ce n'est pas maintenant."

Depuis des années, nous avons une équipe de France médiocre, des clubs médiocres, un championnat médiocre, une Fédération médiocre, une Ligue médiocre, des dirigeants médiocres et un encadrement technique médiocre. "Vingt-trois matches sans défaite", rétorqueront les thuriféraires. La belle affaire, mais contre quelles équipes ? Dis-moi qui tu vaincs, je te dirai... 

Nos affairistes, plus préoccupés de soupeser le poids de leur compte bancaire ou de comparer l'étendue de leurs tatouages que de saluer leurs supporters ou d'écouter leur sélectionneur, s'en sont donc allés. Puissent-ils emporter dans leurs bagages les sangsues qui tirent prébendes sonnantes et trébuchantes de leurs galipettes. Puissent-ils rencontrer E.T., ce petit être délicieux, né de l'imagination d'un poète, qui, lui, nous a fait et continue de nous faire rêver.

Anatole de Mururoa, le 23 juin 2012

"Mes amis,

Merci d'être tous présents aujourd'hui dans cette Assemblée conquise à la sueur de nos voix. Nous n'avons jamais été aussi nombreux. A dix-sept, nous pouvons enfin constituer le groupe que les électeurs français attendaient. Désormais, nos responsabilités sont immenses, puisque - Jean-Vincent a raison de le dire - nous représentons la troisième force nationale au Parlement. Voici pourquoi nous devons nous organiser et pour cela procéder à un vote, opération dont nous nous délectons."

Une heure plus tard...

"Mes amis, voici le résultat du scrutin :

- Barbara et François assumeront en alternance la présidence du groupe.

- Noël sera notre porte-parole.

- Brigitte et Christophe d'une part, Danielle et Jean-Louis d'autre part, seront nos vice-présidents. Les uns pour le courant A "Fukushima hémisphère nord"; les autres pour le B "Fukushima hémisphère sud".

- Eva et Denis assuront la liaison entre le courant A et le courant B.

- Laurence et Sergio, celle entre le courant B et le courant A.

- Isabelle, Véronique et Paul seront chargés d'étudier la création d'un nouveau courant.

- Michèle, Eric et François-Michel traiteront des contre-propositions.

Toutes mes félicitations aux divers élus. Je crois n'avoir oublié personne. Votre ministre et, pour quelques heures encore, présidente..."

po Cécile*

Anatole de Mururoa, le 22 juin 2012

* Pour ceux qui s'étonneraient du contenu de ce compte rendu, il est bon de préciser que le secrétaire, en accord avec Cécile, s'est permis de fumer quelques joints en le rédigeant.

Cher fils,

Au moment où le respect du pluralisme des opinions tend à disparaître, permets-moi de revenir sur certaines "valeurs" - mot à la mode chez ceux qui s'arrachent le pouvoir. Peut-être pourras-tu ainsi mieux cerner les contours d'une éventuelle démocratie.

- Un pays où les dirigeants n'acceptent pas le vote blanc, ce n'est pas une démocratie.
- Un pays où les dirigeants voudraient contraindre leurs citoyens-électeurs marchandises à voter, ce n'est pas une démocratie.

- Un pays où les élus du peuple sont les premiers à ne pas respecter les lois de la République, ce n'est pas une démocratie.

- Un pays où chacun défend, coûte que coûte, celui qui commet une saloperie, parce qu'il appartient à sa famille philosophique, politique ou morale, ce n'est pas une démocratie.

- Un pays où on ne veut voir qu'une seule tête, une seule pensée, un seul comportement, ce n'est pas une démocratie.
- Un pays où les mots "communisme", "capitalisme", "populisme" et "fascisme" n'ont pas été jetés aux poubelles de l'Histoire, ce n'est pas une démocratie.

- Un pays où le peuple électeur se fait en permanence gruger, piller, humilier par ses dirigeants ou ses patrons, ce n'est pas une démocratie.

- Un pays où certains gagnent en un an ce que d'autres peinent à obtenir en un millénaire, ce n'est pas une démocratie.
- Un pays où certains en cas de maladie ont quatre jours de carence, alors que les autres n'en ont qu'un, ce n'est pas une démocratie.
- Un pays où parfois des permanents de CE, avec la "bénédiction" des hautes instances, s'accaparent ce qui revient aux salariés, ce n'est pas une démocratie.

- Un pays où les élus - ne prenons que les sénateurs ou les députés européens -reçoivent des avantages et prébendes insoupçonnés de la population, ce n'est pas une démocratie.
- Un pays où les apparatchik descendus de Paris veulent piétiner les militants du terrain, ce n'est pas une démocratie. 

- Un pays où dans votre circonscription deux membres du parti proche de vos idées s'étripent pour le pouvoir, ce n'est pas une démocratie.

- Un pays où, par l'abstention, on ne peut manifester son indignation devant tant de bassesses, magouilles et injustices menées sous le voile du triptyque "Liberté, Egalité, Fraternité", ce n'est pas une démocratie...

"Alors, qu'est-ce pour toi, papa, une démocratie ?" - Vaste question. Je n'aurai pas l'outrecuidance de t'en donner une définition. Même le privilège de l'âge ne m'y autorise pas. C'est à toi et à ceux qui viendront après toi de la construire ou de l'approcher. Par le vote, la grève, la révolution... ? Je l'ignore. La démocratie, c'est comme l'asymptote qui tend vers l'infini. On croit l'atteindre, mais on n'y arrive jamais.

Anatole de Mururoa, le 20 juin 2012